Château-Banquet
Maurice Braillard
1953 – 1957 – Réalisé
N° d’archives : 119
Programme: plan d’ensemble, 100 logements de standing, restaurant, garages souterrains
Localisation: 2 à 26, Parc Château-Banquet
Association: Pierre et Charles Braillard
Collaboration: Bernard Muller (architecte paysagiste)
Maître de l’ouvrage: S.I. Château-Banquet
Implanté sur le site d’une ancienne campagne patricienne du XVIIe siècle, le square Château-Banquet bénéficie d’une situation d’exception. Il occupe un emplacement stratégique à l’entrée de la ville, à l’intersection entre les rues de Lausanne et l’avenue de France. Surtout, sa parcelle richement arborisée et en pente douce vers le lac offre une vue dégagée sur la rade et les grands parcs qui le bordent.
Le projet propose une réflexion sur le traitement d’une limite urbaine, dans le cas présent d’une situation en front de lac et en bordure de parc. Comme dans l’illustre exemple du square du Mont-Blanc (1852), à l’autre extrémité du quai Wilson, la recherche est ici guidée par deux thématiques complémentaires: d’une part, la définition d’une image urbaine et unitaire de type métropolitain conforme à la vocation internationale et commerçante de la ville, d’autre part, le lien indissociable avec le cadre naturel. À savoir avec la Rade, la couronne alpestre, les parcs sur lesquels ouvrent les façades, mais aussi, à une échelle plus restreinte, avec la configuration et la topographie naturelle de la parcelle.
Dans l’œuvre de Maurice Braillard, l’ensemble quadrangulaire du Château-Banquet formé d’immeubles hauts aux volumes articulés tant en plan qu’en élévation disposés autour d’un jardin collectif rappelle les Squares de Montchoisy (1927-1933) situés vis à vis, sur la rive opposée du lac. Ils constituent une ultime expérimentation sur le thème de la «ville dans le parc», un thème que Maurice Braillard n’a cessé de développer à l’échelle de l’ensemble résidentiel, du morceau de ville, de la ville dans son ensemble (Plan directeur de 1935). Un thème qui va – au-delà de Braillard – durablement informer la conception des ensembles de la rive droite, comme en attestent les quartiers contemporains de Beaulieu, de Vermont, un peu plus tard, de Budé et de la Tourelle.
Au niveau des immeubles, la conception des parties communes et des logements de grand standing pouvant atteindre jusqu’à 13 pièces prolonge la double recherche de modernité métropolitaine et de « ville dans le parc ». Les parties communes proposent ainsi un accès différencié pour les automobilistes (garages organisés en rues souterraines de desserte) et les piétons (cheminements en communication avec le jardin collectif ouvrant sur de vastes halls). Au niveau des appartements, les séquences spatiales dynamiques, le groupement fonctionnel des pièces en secteurs diurnes et nocturnes, le confort technique moderne, l’abondance d’air, de lumière et de soleil s’accompagnent ainsi de l’intégration visuelle aux espaces domestiques du paysage lacustre, des frondaisons du parc et du jardin collectif.
À relever par ailleurs l’aménagement paysager particulièrement soigné du jardin central qui intègre des arbres anciens (cèdre bleu, séquoia, marronnier) et prolonge les parcs du bord du lac. On retrouve ici les dégagements sur le panorama lacustre cadrés par des massifs d’arbres et charmilles formant rideau et faisant contraster, dans un jeu d’ombre et de lumière, des zones plus éclairées – les parterres – et des passages ou limites plus sombres – les bosquets. Cette première grande échelle se combine avec une échelle plus restreinte. Murets de soutènement en pierres sèches, massifs d’arbres bas de différentes espèces locales (marronnier, bouleau, frêne, érable) et étrangères (érable pourpre du Japon, érable pleureur, cèdre, catalpa), ou encore chambres vertes bordées de bancs en pierre et autres cheminements dallés sinueux avec des marches déterminent des situations variées. L’ensemble définit ainsi un paysage pittoresque plein de surprises qui invite les visiteurs autant au repos qu’à la découverte.