Territoires fragiles face au défi hydrologique
À l’heure où les changements climatiques deviennent des réalités toujours plus concrètes et où l’impact de l’activité de l’Homme et de ses émissions sur le dérèglement de nos écosystèmes n’est plus à démontrer, il est temps de trouver des stratégies pour s’adapter à ces changements et atténuer leurs répercussions. Les défis sont majeurs dans de nombreux domaines : celui de l’eau, facteur essentiel au développement de la vie, est un sujet récurrent qui touche des populations partout dans le monde. L’organisation météorologique mondiale nous rappelle que seule 0.5 % de l’eau présente sur terre est utilisable par l’homme. Le manque d’eau régulier que nous connaissons maintenant chaque année dans de nombreuses régions du globe va affecter de plus en plus de populations et leurs activités. En parallèle, paradoxalement, nous allons aussi avoir de plus en plus d’eau à maîtriser : l’intensification de la fonte des glaciers entraînant l’augmentation du niveau des océans et transformant radicalement les modes de vie est une menace réelle et grandissante pour de nombreux territoires. Aujourd’hui, malgré des décennies d’efforts mis dans les infrastructures hydrauliques pour résister à l’invasion de l’eau afin de protéger les territoires anthropisés, la planification urbaine ne parvient plus à assurer la sécurité des populations dans les zones critiques. Un changement de paradigme semble donc nécessaire pour réagir face à cette crise. L’eau, doit-elle exclusivement être vue comme une menace ou peut-elle devenir une opportunité pour la mutation des territoires, de nos activités et de nos modes de vie ?
Conférences
- De la résistance à la résilience : Dogaletto, un cas d’étude de l’adaptation des territoires lagunaires face à la montée des eaux
Chiara LOMBARDI DELLAMONICA, architecte, EPFL
Architecte-urbaniste, bureau Urbanité(s) Genève
La lagune vénitienne, comme de nombreux autres territoires, est aujourd’hui menacée par les actions humaines et le changement climatique, notamment par la montée des eaux. Face à cette réalité, il devient essentiel d’abandonner une démarche entièrement résistante face à l’eau et dès à présent apprendre à s’adapter à cette mutation du paysage. Le projet, centré sur le village de Dogaletto au sud-ouest de la lagune, propose une stratégie d’anticipation programmatique. Il s’agit de mettre en œuvre des actions autonomes mais interconnectées, à la fois préventives et proactives, organisées en fonction des seuils de montée des eaux, l’objectif étant d’accompagner la transition vers un territoire progressivement submergé, dans lequel l’homme reconsidère son mode de vie actuel en réduisant progressivement son emprise sur le sol et en abandonnant une partie de ses terres afin de redonner sa place à la nature. Trois actes viennent rythmer le projet : la préservation des barrières naturelles en amont de la terre ferme, la déconstruction des zones les plus touchées du village et la reconversion de l’usage des sols induite par la progression de l’eau salée. Ainsi, le projet propose une approche pour comprendre et anticiper l’adaptation au rythme de l’eau d’un territoire en constante évolution.
- Quand les glaciers ne seront plus. Interventions pour une nouvelle gestion de l’eau dans la vallée de la Romanche
Mateo BOUTON, architecte DE, ENSA Versailles
Architecte chez DE-SO Architectes
Valentine FORESTIER, architecte DE, ENSA Versailles
Notre travail est le fruit d’une démarche approfondie de recherches et de propositions ayant pour objectif premier de sensibiliser aux enjeux cruciaux liés à l’eau pluviale. Il cherche à bouleverser nos perceptions établies en offrant une perspective novatrice sur la manière dont nous abordons cette ressource vitale. Par l’élaboration d’une bibliothèque de dispositifs architectoniques, ce projet propose différentes manières de récolter de l’eau pluviale pour en faire une ressource précieuse. Cinq projets de recherche sont proposés dans ce PFE, testant les dispositifs ( stocker, infiltrer, filtrer, restituer, répartir ) mis en place comme des outils pour fabriquer des architectures. Chaque élément architectural, chaque décision de conception, sont pensés dans l’optique de proposer des espaces dessinés pour le chemin de l’eau. En unissant savoir-faire technique et une approche sensible du territoire, ils offrent un aperçu de ce que pourrait être l’avenir de notre relation avec l’eau pluviale. Car si les glaciers ne remplissent plus leur rôle, qui le fera ?
Répondants
Susanne STACHER
Architecte-chercheuse,
Professeure de Théories et pratiques
de la conception architecturale urbaine
ENSA Versailles
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