Chaque année, nous franchissons plus tôt le jour du dépassement, moment où nous avons consommé toutes les ressources dont la Terre dispose pour une année. Nous vivons ensuite à crédit, épuisant encore un peu plus les réserves naturelles mettant des milliers d’années à se reconstituer. Il est donc naturel que les effets s’en fassent aujourd’hui ressentir. Les étés s’étirent devenant de plus en plus torrides, les vagues de chaleur battent des records tandis que les hivers, que nos ancêtres décrivaient comme rigoureux et enneigés sont dépossédés de leur précieux manteau blanc. Les saisons semblent se fondre les unes dans les autres, perturbant les équilibres que nous avons longtemps pris pour acquis.Nous habitons, parcourons, modifions les territoires mais nous ignorons trop souvent leur nature et la façon dont ils sont constitués. Nos histoires d’aujourd’hui et de demain doivent pourtant se construire en harmonie avec les milieux qui nous abritent malgré les bouleversements que nous leur faisons subir depuis des décennies maintenant. L’urgence à laquelle nous faisons face nous oblige à agir. Nous devons réapprendre à connaître les écosystèmes et les géographies que nous habitons, à travers un prisme nouveau, en tâchant de nous défaire des perceptions du monde moderne que nous avons intégrées et qui altèrent notre regard. Cette quête de transformation et de remise en question de nos pratiques impacte profondément la production des étudiants en école d’architecture, tels que les projets ici présentés qui cherchent à proposer des outils théoriques et conceptuels innovants d’adaptation à travers un travail de transition de territoires face au changement climatique, de la Camargue aux Vosges.
Conférenciers:
- Liam Mc CORLEY, architecte DE, ENSA Marseille 2023, stagiaire chez Concorde architectes-urbanismes
- Mathieu BURGER, architecte DE, ENSA Marseille 2023, parcours recherche (TPER) sous la dir. de René Borruey, laboratoire INAMA, ENSA Marseille
Du Grand Rhône à son embouchure Port-Saint-Louis, la conquête d’un territoire sauvage par l’homme
Nous avons décidé de travailler sur la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône et la géographie du Plan-du Bourg pour sa situation de pivot entre des systèmes écologiques, humains riches et complexes. Ce territoire à fleur d’eau constitue le dernier lieu continental habité où le Rhône se joint à la mer. Comment habiter un territoire instable et imprédictible sans le contraindre? La démarche ne peut répondre à cette incertitude qu’en redéfinissant les modes de pensée, d’action et de représentation conventionnels du projet d’architecture. Le plan guide projetant une vision aboutie à une date précise est obsolète, il faut le dépasser en privilégiant une construction par phases qui reste très ouverte au changement et capable d’évoluer selon les besoins, les aléas. Notre projet pose donc les bases d’un changement de paradigme et a pour but d’être transmis, approprié et amendé par les acteurs du territoire sur le long terme car il ne peut prétendre résoudre tous les défis à venir. Nous cherchons ici à déconstruire l’Anthropocène pour aller vers une nouvelle forme de diplomatie avec la nature plutôt que de la combattre ou de l’ignorer.
- Camille OPPE, architecte DE, ENSA Nancy 2023, Theisen architectes – Luxembourg
- Marie DZIECHCIARZ, architecte DE, ENSA Nancy 2023, CDI dans une agence d’architecture en Haute-Marne
Les paysages de l’après-ski, le devenir d’une station de ski dans le massif des Vosges
+ = -. Si cette équation semble erronée, elle fait pourtant écho à une réalité qui touche de plus en plus les massifs montagneux français: + 1°C = – 1 mois d’enneigement. Alors que nous avons tous en tête le rapport du GIEC avec un scénario prévu à +1.5°C d’ici 2030, les petites stations Vosgiennes se retrouvent désemparées face au manque de l’or blanc sur lequel elles avaient pu compter pendant plus d’un siècle. Depuis 1956, ce sont déjà 18 centres de ski qui ont vu leurs pistes se vider de leurs skieurs dans les Vosges. Pourtant, alors qu’aujourd’hui les stations se retrouvent au pied du mur, les avis divergent. Faut-il investir dans des canons à neige? Tenter de capter une clientèle plus aisée? Ou tout simplement accepter la perte du ski et trouver un modèle plus vertueux? Il semble y avoir deux visions qui s’opposent: celle des locaux qui aimeraient voir le tourisme se raisonner et celle des touristes poussés par l’envie de découverte. Pourtant, bien plus qu’un simple débat autour de l’aménagement, c’est en réalité le tourisme lui-même qui est remis en question dans les territoires de montagnes et plus particulièrement à Ventron, cas d’études pour ce projet.
Répondante:
Carmen De JONG, hydrologue, professeure Université de Strasbourg
Inscriptions:
Conférence gratuite en ligne, sur inscription ici.